Septembre-Octobre 2018: Évangile du dimanche 2 septembre (22ème TO)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (7, 1-8.14-15.21-23)
En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques: lavage de coupes, de carafes et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus: «Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens? Ils prennent leurs repas avec des mains impures.» Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit: Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Appelant de nouveau la foule, il lui disait: «Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule: «C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses: inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »
Méditation
Les pharisiens interpellent Jésus sur la non-observance par ses disciples de certains préceptes de la loi – et c’est vrai qu’elle est importante, cette loi ! Mais depuis la sortie d’Égypte, plusieurs siècles se sont écoulés, et même si chaque année, la liturgie des Juifs leur rappelle l’histoire de leurs ancêtres, il semble que beaucoup aient perdu le sens de cette loi faite pour la Vie, que Dieu leur donna au désert après les avoir libérés de l’esclavage. Dans la première lecture, Moïse leur dit: ‘Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, mais vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris.’ (Dt 4,2). Pourtant au fil des ans, plus de 600 sous-préceptes ont été ajoutés aux dix Paroles de Vie de la loi des origines. Les chefs religieux accordent énormément d’importance au respect de toutes ces règles qui non seulement détournent de l’essentiel, mais sont si nombreuses qu’elles en deviennent invivables, et que leur application scrupuleuse produit l’effet inverse de celui recherché. La religion est devenue mortifère au lieu d’être source de Vie. Les disciples, qui vivent auprès de Jésus, ont acquis une intelligence de la tradition qui leur donne une certaine liberté face à tous ces préceptes rituels. Et nous, aujourd’hui, comment nous situons-nous dans notre vie de foi, dans notre vie tout court? Ce temps de la ‘rentrée’ est un moment propice pour faire le point, se poser les bonnes questions et repartir sur des bases saines. Interroger nos pratiques, nos schémas de pensée, nos critères de choix, nos exigences, et les confronter aux Évangiles. Lire et relire ces textes porteurs de Vie. Nous demander honnêtement si oui ou non, nous privilégions la Vie et l’Amour avant tout, si oui ou non nous pouvons être appelés disciples du Christ, Chrétiens.
Annick SAUVAGE
Été 2018: Évangile du mercredi 15 août: Assomption de la Vierge Marie
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 39-56)
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Méditation
Parmi les nombreux chants qui ont bercé ma petite enfance, il en est un qui m’avait particulièrement touché: «Ma maman est une maman comme toutes les autres mais c’est la mienne». Notre maman choisie de toute éternité pour nous mettre au monde, nous nourrir, nous épanouir, prendre soin de nous, notre maman est unique. C’est cette chanson qui m’est revenue en tête tandis que je rédigeais cette réflexion à propos de la fête de l’Assomption. L’Évangile de l’Assomption nous rapporte un fait, nous décrit une scène: Élisabeth accueille sa cousine, une jeune juive croyante de NAZARETH, ce village perdu de Galilée «d’où ne peut rien sortir de bon». «Je vous salue, Marie». Nous avons peut-être banalisé cet accueil introduisant notre «Ave Maria» prononcé par Élisabeth, remplie de l’Esprit-Saint et qui garde une force véritablement prophétique. Marie, une femme avec son corps et son esprit, une jeune fille, une maman. Une maman comme toutes les autres aux yeux des hommes. Rien ne la distinguait. Elle a mis au monde, dans la douleur sans doute, loin de chez elle, après un pénible voyage à dos d’âne à travers la montagne. Elle a eu peur pour son enfant, elle a pris la route de l’exil, espérant pour lui, un avenir meilleur. Lorsque son enfant, qu’elle avait appelé Jésus, est devenu grand, il a quitté la maison et le métier que son père lui avait appris et s’est mis à vivre comme un vagabond, se nourrissant de l’aumône des gens. Lui qui avait un si beau métier. Elle l’a vu critiqué par ses frères, malgré toute sa gentillesse, persécuté puis enfin souffrir un calvaire atroce suspendu à une croix. Elle l’a reçu dans ses bras le soir du vendredi saint, pleurant toutes les larmes de son corps. Une maman comme toutes les autres au destin particulièrement tragique. Ne disait-on pas à NAZARETH, c’est le fils de Marie, le fils du charpentier? Une maman comme toutes les autres et pourtant tout est exceptionnel dans sa vie. Elle est la seule à qui Dieu a fait dire : «Veuxtu bien être la maman de mon fils qui par toi prendra forme humaine? ». Veux-tu même si cet enfant ne sera pas vraiment comme les autres? Il en a fallu une dose de foi, hors du commun pour croire que le bébé qu’elle avait accepté de porter en elle était le Fils de Dieu, le Sauveur, le Messie promis depuis des siècles au peuple choisi. Un enfant à qui elle a donné la vie, qu’elle a vu grandir en le faisant profiter de tout son amour et de sa sagesse. Un enfant qui lui a souvent fait peur, un enfant venu apporter un message d’amour au monde et pourtant mis à mort par ceux qu’il était venu sauver. Il leur avait appris toute leur dignité d’hommes, d’enfants de Dieu, choyés par Lui, avec une tendresse infinie. Une maman comme les autres. Jésus, par délicatesse, l’a fait venir près de lui, dans la maison du Père afin qu’elle puisse être notre maman du ciel. Mais c’est sa présence auprès de nous que nous fêtons en ce jour de l’Assomption. Elle nous accueille, celle qui demeure l’une d’entre nous, celle qui a su faire confiance à Dieu, celle qui s’intéresse à notre vie présente, celle qui nous laisse un dernier message: « faites tout ce qu’il vous dira ». Une maman comme les autres.
Prière
Nous nous disons peuple en marche, nous avons une histoire, un long passé de ténèbres et de lumière. Marie, nous t’en prions, ouvre devant nous un nouvel avenir, que ton exemple nous fasse sortir de toute cette fausse richesse, de toutes ces certitudes qui nous gardent en sécurité et cependant captifs. Rends-nous plutôt communs, pauvres et moins sûrs de tout, aide nous à faire confiance aux appels de Dieu, à comprendre l’Évangile, à suivre ton Fils.
Jean-Claude SIMON
Juin 2018: Évangile du dimanche 24 juin: Nativité de Saint Jean Baptiste
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 57-66; 80)
Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui. L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.
Méditation
Il aurait dû s’appeler Zacharie comme son père, ou du moins porter le nom d’un de ses ancêtres, ainsi le voulait la tradition. L’enfant à peine né, les proches tentent déjà de le faire entrer dans le moule de l’ordre établi. Mais sa mère s’y oppose, elle souhaite l’appeler Jean. Comme il est aussi de coutume que ce soit non pas la mère, mais le père, qui donne son nom à l’enfant, l’assemblée se tourne alors vers Zacharie, qui bien que frappé de mutisme, appuie les paroles de son épouse, conformément aux directives reçues de l’ange neuf mois plus tôt.
Ce débat autour du nom est moins anodin qu’il n’y paraît : pour les Juifs, le nom donné à un enfant détermine son caractère, son être propre, le chemin qu’il prendra dans la vie. Le choix du nom est donc très important pour eux, et si Luc place cet épisode au tout début de son évangile, ce n’est pas anecdotique : Jean Baptiste est la figure d’une transition entre deux époques : d’une part le monde ancien, figé dans des traditions immuables, refusant tout changement et symbolisé par Zacharie ; d’autre part l’ouverture à une nouvelle manière de vivre le rapport à Dieu et aux autres, qui sera inaugurée par Jésus.
Au lieu de s’appeler Zacharie, ‘Yahvé se souvient’, nom qui le maintiendrait tourné vers le passé, solidement accroché aux traditions et à tout ce qui est couru d’avance, il s’appellera Jean, ‘Dieu fait grâce’, nom ouvert sur l’inattendu de ce qui vient, propice à accueillir la nouveauté parfois déstabilisante du message évangélique.
Mais que nous dit ce texte à nous, aujourd’hui ? Nous pouvons nous interroger : sommes-nous, comme l’entourage d’Élisabeth et de Zacharie, accrochés à nos vieilles traditions, refusant obstinément de changer ne serait-ce qu’un iota à ce qui s’est toujours fait, ou sommes-nous prêts à bouleverser nos habitudes et le confort des terrains balisés pour réinventer de nouvelles façons de vivre notre foi ?
Seigneur, en ce temps de Pentecôte, ouvre nos cœurs au souffle de Ton Esprit, rends-nous attentifs aux signes des temps afin que nous discernions dans l’aujourd’hui de nos vies les chemins que tu nous montres.
Annick Sauvage.
Mai 2018: Évangile du jeudi 10 mai: Ascension du Seigneur
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (16, 15-20)
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit :
« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Méditation
Lorsque j’étais petit enfant et qu’on me parlait de l’Ascension de Jésus, je regardais en l’air et j’imaginais que si, d’un revers de manche, on avait pu écarter tous ces nuages encombrant notre vue, on pourrait voir ce beau jeune homme fringuant assis confortablement au côté d’un vieillard barbu. Je restais là comme les apôtres à me demander: quand reviendra-t-il ? Plus tard j’ai appris que le ciel n’était qu’une image, semblable à celle utilisée pour me faire accepter le départ prématuré de mes grands-parents. Mes parents ajoutaient: rassure-toi, ils sont toujours là à tes côtés, ils continuent à t’aimer et t’aideront encore sur ta route de la vie. L’Ascension, c’est le départ de Jésus mais c’est aussi le départ des apôtres. Une nouvelle fois Jésus surprend par l’invitation formulée: «allez enseigner toutes les nations ». Au début de sa vie publique, Jésus avait commencé par appeler près de lui. C’était le temps du «viens et suis-moi». Mais au lendemain de l’Ascension, l’Évangile doit être proclamé parce qu’il est projet de vie. Par l’absence-présence, Jésus est plus présent que par sa chair, il apporte son Esprit. L’Ascension c’est une invitation à nous élever vers davantage de liberté et d’autonomie. L’Évangile de Jésus nous élève et nous fait croire à un autre monde possible. Un monde qui peut commencer ici-bas, si nous le voulons. Lorsque le Christ, vivant, «s’élève», son esprit libéré visite chacun d’entre nous dans sa personnalité à venir. À ce moment-là, le pouvoir du temps a cessé pour lui. Christ dépose chez ses disciples de la 1ère heure puis chez tous ses disciples une richesse nouvelle: vivre l’attente et la veille. Celle-ci s’expérimente dans le clair-obscur d’un temps intermédiaire. En effet, si la mort n’est pas la vérité dernière, comme il nous l’a démontré, nul n’est exempté de passer par elle. Si la Passion du Christ est victoire sur le mal, la violence continue à travers le monde. Si le baptême fait de nous des enfants de Dieu, la faiblesse, le péché sévissent régulièrement et ce jusque dans l’Église. Ainsi donc, dès le lendemain de l’Ascension et jusqu’à nos jours, ce temps nouveau annoncé par Jésus mêle ombres et lumières, de telle sorte que l’affirmation de foi peut toujours être là mais aussi contestée, refusée ou niée. L’attente et la veille sont au cœur même du nouveau Testament. Il affirme que c’est le retour du Ressuscité qui donnera pleine visibilité à sa victoire sur le mal et sur la mort. C’est ainsi que ce Jésus apparemment «absent» ne cesse d’être présent à la vie de l’Église. Sa venue à la fin des temps, ce ne sera pas un retour mais plutôt une apothéose, une célébration, une manifestation grandiose pour une présence qui n’aura jamais cessé d’exister.
Prière
Seigneur, Tu es le cœur, la vérité de notre vie. Pour trouver ton royaume, il nous faudra aller jusqu’au bout. Soutiens-nous, donne-nous la force de rester près de Toi. Aide-nous à percevoir les signes de ta présence au plus intime de notre existence et à montrer notre bonne volonté en travaillant comme les apôtres l’ont fait. Ils se sont donnés de cœur et d’âme, il se sont perdus afin de Te trouver, notre Père, notre Dieu dans et pour ce monde aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps.
Jean-Claude SIMON
Avril 2018: Évangile du dimanche 1er avril: Pâques
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 1-9)
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit: «On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé.» Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Méditation
Dans ce court passage de l’Évangile, le mot tombeau est cité 6 fois. Étonnant, que dans un récit visant à annoncer la résurrection, on parle autant d’un symbole de mort…
Qu’ont-ils donc vu au tombeau ? Ce qu’ils ont aperçu nous est décrit avec précision : le tombeau ouvert, les linges posés à plat, le suaire roulé. Marie Madeleine y voit le vol du cadavre, et Pierre reste sans voix, ne sachant probablement que penser. Mais le disciple qui avait une conscience particulièrement aiguë d’être aimé de Jésus, voit dans ces éléments les signes de sa résurrection : il vit, et il crut. Marie aura besoin, pour croire, de s’entendre appeler par son nom. Pierre, comme la première lecture et la fin de l’évangile nous le laissent supposer, ne sera réellement convaincu que quand il verra Jésus manger et boire de la nourriture terrestre. Thomas, lui, aura besoin de toucher les marques de ses plaies.
Il y a un peu plus d’un an, ma meilleure amie est décédée. Les semaines qui suivirent furent lourdes et ténébreuses: sensation de tomber dans le vide, submergée de tristesse en pensant aux moments passés ensemble qui ne reviendraient plus… J’allais fleurir sa tombe, essayant de l’y retrouver, sans y parvenir. Peu à peu surgit le sentiment qu’elle n’était pas sous ce tas de terre. Bien sûr, je savais que son corps y avait été déposé, je l’avais vu de mes yeux, mais je ne sentais pas sa présence quand je considérais le petit tumulus. Ou plutôt, je la sentais présente, mais pas là. Impression étrange, inexprimable, que celle qui comptait tant pour moi ne pouvait tout simplement pas être réduite au néant. Deux mois après son décès, un événement survenu dans ma vie est venu confirmer ce que je sentais confusément au plus profond de moi-même : elle est vivante, tout près de moi, elle continue d’accompagner ma route comme elle l’a toujours fait, présence discrète mais bien réelle. Depuis ce jour, le besoin presque physique de me rendre au cimetière a disparu, je suis rendue à ma vie.
Seigneur, parfois nous avons peine à croire en la réalité de Ta présence, Vivant dans nos vies. Nous regardons mais ne voyons pas. Ouvre nos yeux en ce matin de Pâques, mets en nos cœurs la brûlante certitude de ta présence, afin que par toi, et avec toi, nous vivions nous aussi en ressuscités. Amen.
Annick SAUVAGE
Mars 2018: Évangile du dimanche (Texte manquant)
Février 2018: Évangile du dimanche 4 février ( 5° TO)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1, 29-39)
En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : «Tout le monde te cherche.» Jésus leur dit : «Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile; car c’est pour cela que je suis sorti.» Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.
Méditation
Ite, Missa est ! Ces trois petits mots, prononcés par le prêtre ou le diacre à la fin de la messe dans la liturgie latine, comment les comprenons-nous, que nous disent-ils ? ‘Allez, la Messe est dite, rentrez chez vous, il n’y a plus rien à voir – ni à faire ’…?
Aussitôt sortis de la synagogue, Jésus et ses disciples rentrent à la maison. On est en plein Sabbat : interdiction de travailler, et même de faire quoi que ce soit qui ne soit absolument nécessaire à la survie. Pourtant, à peine rentré, Jésus semble transgresser cet interdit, né d’une compréhension très rigoriste de la loi mosaïque, en guérissant la belle-mère de Simon. Un peu plus tard dans la même journée, c’est par dizaines qu’il guérira les nombreux malades venus jusqu’à lui, le Sabbat à peine terminé. Et dès le lendemain à la première heure, sa prière le presse d’aller annoncer la Bonne Nouvelle dans les villages voisins, où il fera également de nombreuses guérisons.
Nous sommes au tout début de l’Évangile de Marc, mais cette alternance de temps de prière et d’action concrète au cœur du monde, nous la retrouverons tout au long du récit: dans les quatre coins de la Palestine et même dans les territoires païens, Jésus ne se contente pas d’annoncer la Bonne Nouvelle, il joint le geste à la parole : sa prière se fait parole et gestes qui accueillent, qui libèrent, qui guérissent, qui relèvent, qui aiment.
À ceux qui un peu plus tard, séduits par son charisme, lui demanderont ce qu’ils doivent faire pour être ses disciples, Jésus répondra : ‘Renoncez à vous-mêmes et aux limites de vos conforts, prenez votre courage à deux mains et venez à ma suite, mettez-vous en route pour m’aider à soulager les souffrances des hommes, mes frères et vos frères’.
Ite, Missa est ! : ‘Allez, la Mission est devant vous, elle est à vous, mettez-vous au boulot, il y a du pain sur la planche !’
Annick SAUVAGE.
Janvier 2018: Évangile du dimanche 28 janvier ( 4° TO)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1, 21-28)
Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Silence! Sors de cet homme.» L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. » Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de la Galilée.
Méditation
«Es-tu venu pour nous perdre?» Cette question tourne dans ma tête régulièrement lorsque je lis ce passage de l’évangile. Es-tu venu pour nous perdre? Lorsque j’étais plus jeune, il m’arrivait d’imaginer que certains avaient bien plus de chance que moi. Ils semblaient vivre sans foi ni loi et pouvaient ainsi agir à leur guise. Ce n’est que plus tard que je découvrirai que Jésus est le principal éducateur du genre humain. Il lui révèle, encore aujourd’hui à travers les écritures, à la fois sa liberté et sa dignité; il incite l’homme à mener une vie juste et charitable et le soutient constamment par sa grâce pour qu’il y parvienne. La liberté est le bien le plus précieux de l’homme. Dieu, je le sais aujourd’hui, la respecte, et mieux, nous encourage à la privilégier. Je ne parle pas ici de la liberté, synonyme de «laisser faire» mais de liberté au sens autonomie et respect de nos engagements librement consentis. Jésus dans son message nous invite à aller encore plus loin en proclamant le bonheur à ceux et à celles qui savent véritablement aimer. Il nous engage à choisir ce qu’il y a de meilleur pour nous.
Je vois dans la vie quelques moments importants où nos choix vont conditionner notre épanouissement et notre joie de vivre. S’ils sont faits en fonction de valeurs profondes et personnelles, ils seront sources de bonheur. Je pense par exemple aux jeunes qui doivent choisir entre les différentes voies qui se présentent à eux. Certains ne penseront qu’à opter pour des métiers qui rapportent, qui donnent des loisirs mais qui ne procureront pas nécessairement du bien-être. Pour être bien dans leur peau et s’épanouir, il leur faut tenir compte de leurs talents et tenter de les développer en devenant le meilleur d’eux-mêmes. Les parents et les professeurs ont la lourde tâche de les accompagner dans la découverte de leur personnalité. Un autre moment tout aussi important dans la vie, c’est le choix d’un compagnon ou d’une compagne de route. On a coutume de dire que l’amour est aveugle, la haine aussi d’ailleurs. La précipitation à laquelle on assiste parfois a de quoi étonner. Pourtant, là aussi, il faut choisir ce qu’il y a de meilleur, celui ou celle qu’on pourra rendre heureux. Tout notre bonheur vient de l’autre et de notre capacité de nous oublier parfois nous-mêmes. Jésus nous l’a rappelé: il n’y a pas de place pour l’égoïsme dans l’amour.
D’autres moments vont égrainer notre vie. En vieillissant, il nous faudra choisir d’avoir des enfants, choisir de les éduquer sans trop d’erreurs dans le respect et la dignité, ils sont enfants de Dieu. En vieillissant encore, il nous faudra choisir la façon dont nous allons … vieillir: aigri par la vie, défaitiste, abattu par la maladie, … ou persuadé qu’on va vers du meilleur et qu’au bout de la route, il y a un Dieu qui m’aime et qui m’accueille avec mes qualités et mes défauts. Dernièrement lors d’un séminaire de développement personnel, une participante m’a demandé comment il fallait être parent aujourd’hui. J’ai répondu qu’il fallait les aimer «vraiment». Puis je me suis ravisé, je n’avais pas de leçons à donner. Par la suite, je lui ai expliqué ce que j’aurais dû dire d’abord et qui donne un sens à ma vie: chaque fois que j ‘entre en contact avec un jeune, un malade, un couple en souffrance, la solitude d’un senior, … chaque fois j’essaie de dire à Dieu que j’ai besoin de lui. Je lui demande d’ouvrir mes yeux et mon cœur, qu’il me donne les mots et les gestes qui feront du bien. Et le bon Dieu le plus souvent fait son boulot. Parfois je me demande comment j’ai pu dire certaines choses, poser certains gestes. La raison est simple, si nous le voulons, c’est Dieu qui agit pour nous et par nous aux moments importants de la vie.
Alors à la question: «es-tu venu pour nous perdre?», je répondrai comme LESSING, dans son ouvrage «l’éducation du genre humain» écrit en 1780, que la perfection n’a jamais existé à l’origine mais qu’elle advient progressivement par l’exercice de la raison et que les bienfaits de l’éducation conduiront un jour à réaliser la promesse divine d’un âge d’or.
Prière
Seigneur Dieu, à tout homme prisonnier de lui-même, tu donnes ta parole libératrice. Tu nous appelles à être libres, à devenir des femmes et des hommes reflétant l’image et l’esprit de Jésus-Christ. Donne-nous la force qui a fait vivre ton Fils, donne-nous l’espace qu’il a ouvert, rends-nous réceptifs et libres, nous saurons qui tu es et nous vivrons alors avec toi dans ce monde.
Jean-Claude SIMON.
Décembre 2017: Évangile du dimanche 1° décembre ( 1° Avent)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (13, 33-37)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : «Prenez garde, restez éveillés: car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage: en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous: Veillez ! »
Méditation
Longtemps, j’ai ressenti ce passage d’évangile, et plusieurs autres, comme une menace, avec peur. Je comprenais: ‘Attention, si tu n’es pas en ordre au jour du grand retour de Jésus, tu iras en enfer; sois donc attentive à chaque instant à rester sur le droit chemin, sinon…’
Quand on attend un événement menaçant perçu comme inévitable, on a tendance à faire l’autruche: ne pas trop y penser pour ne pas déprimer, et puisque de toute façon, on n’y échappera pas, autant profiter de la vie tant qu’il y en a. Veiller semble alors bien peu utile…
Mais il y a une autre manière d’attendre. Quand j’étais enfant, j’attendais la venue de Saint Nicolas avec une impatience et une persévérance de tous les instants: dès que les premiers catalogues de jouets faisaient leur apparition dans les boîtes aux lettres, je passais chaque jour beaucoup de temps à les tourner et retourner dans tous les sens, à découper les cadeaux qui me faisaient rêver, à essayer différentes combinaisons pour arriver à en mettre le plus possible sur ma lettre sans dépasser le montant maximum fixé par maman, et pas un soir, je n’oubliais de déposer mes pantoufles bien rangées au pied de mon lit pour que le Grand Saint y dépose les friandises annonciatrices de sa venue prochaine. Et quand il venait à l’école ou au Palace, nous chantions à tue-tête, encore et encore, jusqu’à ce qu’il apparaisse enfin. De même, les jours de ‘Fête à GLONS’, il nous fallait attendre, pour aller sur les carrousels, que maman ait terminé la vaisselle du dîner, et comme le temps nous semblait long alors ! Nous restions debout près de la fenêtre, guettant tous les signes indiquant que les manèges commençaient à ouvrir (premiers flonflons à peine perceptibles à nos oreilles tendues, copains plus rapides se dirigeant déjà vers le centre du village…), et trépignions d’impatience devant cette vaisselle qui ne finissait pas assez vite à notre goût.
Retrouvons notre âme d’enfant pour vivre le temps de l’Avent avec la même ferveur attentive: ce temps est celui de l’attente de Noël, moment où, en Jésus, Dieu vient à notre rencontre pour s’unir à nous et nous unir à Lui, en des noces de bonheur éternel. On comprend alors l’importance de veiller, d’être attentifs à tous les signes de Sa Présence, pour ne pas louper cette merveilleuse rencontre qui est possible à chaque instant, dans l’Aujourd’hui de nos vies, si nous savons le reconnaître et l’accueillir.
John Henry NEWMAN a de très beaux mots pour décrire cette attente:
« Savez-vous ce que c’est que d’avoir un ami, d’attendre qu’il vienne, et de le voir tarder ? Savez-vous ce que c’est que de désirer que le temps passe en attendant la venue de quelqu’un qui vous fait battre le cœur ? Savez-vous ce que c’est d’avoir un ami au loin, d’attendre de ses nouvelles, de vous demander, jour après jour, ce qu’il fait en ce moment, et s’il se porte bien… Veiller dans l’attente du Christ est un sentiment qui ressemble à ceux-là ».
Bonne entrée en Avent à toutes et à tous !
Annick SAUVAGE.